Comme nous l’apprend la philosophie « La vie est faite de deuils » (Bergson et Comte-Sponville). Nous vivons et apprenons tout au long de notre vie par des passages successifs d’étapes. Celles-ci sont marquées par des pertes, des ruptures, des séparations. Nous apprenons à les accepter avec le temps.
Lorsque l’on parle de deuil, nous pensons aussitôt à la mort d’un être cher. Or le deuil peut être lié à une toute autre perte.
Pour cette raison, dans cet article, nous évoquerons les 3 grandes phases du deuil.
Le deuil est une réponse normale et saine face à une perte définitive. En effet, une telle perte entraine des affects douloureux en chacun.e d’entre nous.
Si le deuil peut être lié à la mort d’une personne aimée, il peut également être lié à n’importe quelle rupture, que celle-ci soit amoureuse, amicale ou familiale. La perte définitive n’inclue pas seulement le décès de quelqu’un mais également la perte d’un statut, d’un travail, d’un lieu familier, d’un objet, etc.
Nous sommes par essence (cérébralement qualibrés pour être) mal à l’aise avec l’idée de fin et de changement. Pourtant, toutes les choses ont inévitablement une fin. Les relations, les moments, les émotions, tout ce qui nous entoure, etc. Et c’est la capacité d’acceptation de cette fin et des changements qu’elle impliquent, dont il s’agit.
Il s’agit de la capacité d’acceptation de la disparition définitive de quelque chose ou de quelqu’un. Il est également question de l’acceptation au changement et à la fin. Le deuil peut être lié à toutes séparations importantes et transitions de vie (comme un déménagement, un changement de travail, d’environnement, un enfant/membre de la famille qui s’en va, etc.).
Chagrin et deuil sont souvent confondus, à tord. La tristesse intense ressentie à l’idée de la perte fait partie des étapes du deuil, mais ne constitue pas le deuil en lui-même. En effet, le deuil est un processus vers la guérison. C’est à dire qu’il est dynamique et évolutif.
On entend souvent parler des 5 ou 7 étapes du deuil. Mais lorsqu’il ne s’agit pas d’un décès, ne pourrions-nous pas juste parler de trois grandes phases de la perte ?
En premier, la phase du choc de l’annonce, de l’incrédulité et du déni. Cette phase peut être relativement courte. C’est la prise de conscience de la perte réelle qui termine cette phase. La phase du choc peut également être plus longue et devenir pathologique, lorsque la perte n’est pas intégrée. En effet, lors de cette phase la personne est dissociée de ses émotions.
Le déni, au sens clinique du terme, est un mécanisme de défense psychique. C’est un refus de croire l’information annoncée. Il permet temporairement d’éviter la souffrance en niant la réalité. Il s’agit d’un mécanisme intégrant les phases dites « acceptables » d’un deuil, lorsqu’il dure peu. En effet, rester coupé de ses émotions et hors de la réalité trop longtemps serait néfaste sur la santé mentale.
Lors de cette phase de déni :
–> Dans le cas du décès d’un proche, l’endeuillé.e peut lors de cette phase de choc, croire que l’information est fausse, que son proche n’est pas décédé, ou encore qu’elle/il fait un mauvais rêve et qu’elle/il va se réveiller.
–> Dans le cas d’une rupture relationnelle ou de la perte d’un statut, la personne peut agir comme si cette perte n’existait pas, en ayant les mêmes comportements qu’avant l’annonce.
–>> Dans les deux cas, la personne se coupe inconsciemment de ses émotions afin de ne pas se sentir envahie et submergée par les affects douloureux.
La sortie de cette phase de déni peut être vécue violente et brutale car il s’agit d’une confrontation à la réalité. Il peut donc y avoir en réaction, un sentiment de colère, une recherche de sens et/ou de la culpabilité.
L’étape de la colère est souvent évoquée avant la phase dépressive dans le processus de deuil. L’émotion de colère peut en effet se présenter en fonction de la situation.
La personne peut ressentir de l’injustice ou un sentiment d’abandon. La colère peut ainsi être une réponse à ce vécu de trahison.
Lors de la phase de colère et de négociation :
–> Dans le cas d’une perte non liée à un décès, la personne peut se sentir victime d’une injustice et être en colère contre l’extérieur (entourage, situation, la vie en général…).
–> Dans le cas de la perte d’un être cher, la personne endeuillée peut manifester une agressivité et de la révolte envers la vie et plus généralement, envers tout le monde. La colère peut également être dirigée vers la personne disparue car elle laisse derrière elle un vide souffrant.
–>> Dans les deux cas cette colère peut être redirigée envers soi-même. La personne éprouve ainsi une forte culpabilité.
Dans le cas du décès d’un.e proche, l’étape du marchandage fait suite à la colère. Encore une fois, cette étape peut se présenter. Elle peut impliquer des sentiments de culpabilité et des aller-retours sur le passé, le présent et le futur. Elle implique parfois également une pensée magique qui illusionne pour faire réparation, comme si la personne pouvait changer le passé. Par exemple : l’endeuillé.e se dit « si j’avais été plus comme cela / ou moins comme ci … ». De telles pensées se rapprochent à nouveau du déni et peuvent temporairement empêcher la personne d’avancer.
En seconde phase dans le processus de deuil, il y a la phase dépressive, la phase de la tristesse intense et du chagrin. Cette phase peut durer relativement longtemps. La personne réalise la réalité de la perte et prends le torrent d’émotions dont elle s’était coupée (par le mécanisme de déni). La personne a à faire le bilan de ce qui était et qui n’est plus et ne sera plus. C’est une phase compliquée qui nécessite pour en sortir l’acceptation du changement. Elle implique également que ce changement, bien que définitif et non désiré, n’arrête pas pour autant, tout le reste de la vie. Ainsi, la quête de sens est importante pour sortir de cette phase, car la personne remet tout en question. Par cette perte, non acceptée, la personne peut perdre tout ses repères, ainsi que la confiance en le monde, en les autres et en elle-même.
C’est une phase de désespoir suite à la prise de conscience de la perte vécue. La tristesse et la perte de sens sont ressenties intensément. La personne se sent impuissante face à cette réalité. Cela peut être source d’angoisses d’anticipation de vivre à nouveau une perte, ou encore à la prise de conscience de sa propre mortalité et de nos limites humaines. La personne peut ainsi se sentir très seule et vulnérable dans son processus de deuil. Certaines angoisses d’enfance peuvent aussi être ravivées comme par exemple la peur de l’abandon.
La personne endeuillée ne croit plus en l’avenir et ne trouve pas de sens dans le présent. Elle ne se projette plus et n’a plus envie d’avancer. Elle semble se résigner à la vie. Tout est remis en question. Elle peut ressentir également un sentiment de vide chronique.
Durant cette phase dépressive, il est important de ne pas oublier que la tristesse est légitime. Elle doit être vécue, ressentie et exprimée pleinement. Certaines personnes, vont tenter de réconforter la personne endeuillée en lui remontant le moral, ce qui peut favoriser la perte de contact avec ses émotions. Il est plus pertinent de les accueillir avant de passer à autre chose.
Enfin, en troisième, ce serait la phase finale du deuil, l’acceptation et la fin du processus vers la guérison. C’est la phase qui permet un nouvel élan de vie pour la personne endeuillée. Elle peut se souvenir avec joie, amour et nostalgie de ce qui était et qui n’est plus. Il ne s’agit pas d’oubli ni de remplacement de l’élément/la personne perdu.e.
Ce qui ne l’empêche plus (à cette étape) d’éprouver et de vivre dans le moment présent d’autres sentiments et émotions et sans culpabilité, ni de pouvoir se projeter dans un avenir.
Cette phase consiste à ré-apprendre à vivre, différemment. La personne reprend confiance en elle, reprend conscience de son existence et s’autorise à vivre, malgré la perte vécue. Elle a retrouvé du sens et de l’intérêt à sa vie. Elle retrouve de l’énergie, ses capacités et réorganise sa vie. Elle parvient à faire à nouveau des projets d’avenir.
La guérison n’empêche pas des sentiments de peines parfois, comme lors des dates anniversaires et symboliques notamment. Toutefois la tristesse est moins intense au quotidien, et elle n’est plus immobilisante. La perte est intégrée et la personne a pu renoncer aux projections futures avec l’élément perdu.
Pour consolider la guérison, il faudra se reconstruire personnellement.
Les deuils peuvent être différents suivant qu’il s’agisse d’un décès ou d’une autre perte et, de quelle relation la personne avait avec l’objet perdu.
Durant les différentes phases, des moments de confusion et de désorganisation peuvent être une conséquence. Cela peut aussi amener des difficultés dans la prise de décision.
La situation de perte peut en réalité avoir un impact sur tout les comportements du quotidien, y compris les comportements sociaux (notamment isolement social).
Pour passer de la phase dépressive à la phase de guérison, la personne va devoir accepter de vivre pleinement certaines émotions et sentiments de tristesse pour pouvoir ensuite les dépasser. La phase de dépression est normale et légitime.
Elle devra aussi passer par l’acceptation de la colère (mais pas de la culpabilité), afin de s’en libérer. La culpabilité étant de la colère dirigée contre soi. Si la colère est légitime, car une réponse aux sentiments d’injustice, d’abandon et d’impuissance face à la situation vécue, celle-ci est mal dirigée. Vous n’êtes pas coupable de cette situation injuste.
La colère peut cacher tout autre sorte d’émotions comme par exemple la peur ou l’anxiété. La souffrance est valide et valable, mais l’auto-flagelation n’est pas nécessaire.
Le deuil est une étape marquante de la vie. Le chagrin et la tristesse font normalement partie de ce processus dynamique de détachement. La colère, l’anxiété, les sentiments de culpabilité, d’injustice et d’impuissance, etc. peuvent également en faire partie. Mais la tristesse n’est pas le deuil. Le deuil est un processus amenant à la guérison. Il est individuel et inévitable. Il peut être compliqué. Sa résolution se fait par l’expression pleine des émotions, dans un but d’acceptation de la perte. Chaque deuil est unique et ne ressemble à aucun autre. Vous n’êtes pas prisonnier de cet état.
La fin de ce cycle amène à une reconstruction personnelle et à un ré-apprentissage de la vie. C’est un détachement progressif de la situation permettant de continuer l’existence. La perte engendre une amputation d’une partie du soi. Celle qui investissait la relation avec l’objet perdu. La personne a donc a renoncer à la part investie avec cet élément ou personne perdue, qui disparait également.
Si vous traversez actuellement une phase de deuil et que vous ressentez le besoin d’en parler, vous pouvez contacter le cabinet de Psychologie et de Psychothérapies Conatus.
Prenez soin de vous.
Psychologue clinicienne et Psychothérapeute à Lyon,
contact@psychologue-cavery.com
07 69 35 17 54
Pour le cabinet de Psychologie et de Psychothérapies Conatus.
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